Mon Sacrifice
photo : Claire Artemyz

le sacrifice

(2006)

«Sacrifice» vient du latin sacrificium, de sacer facere : faire du sacré.
Étymologiquement le sacrifice est donc «le fait de rendre sacré».

Ce terme est aujourd’hui employé pour désigner une vaste variété d’actes allant de la cession matérielle au meurtre rituel.

De manière générale, le sacrifice implique la perte définitive d’une chose à laquelle on accorde de la valeur (vie, organe, temps, argent, objet, etc.) dans le but d’en obtenir une autre de plus grande importance. Cette perte induit une souffrance, qu’elle soit physique ou morale. Or celle-ci bénéficie généralement d’un assentiment quasi unanime. On comprend la souffrance, on l’accepte, on l’approuve, voir on l’admire et l’adule, du moment qu’elle sert une «cause supérieure».

Notre perception de l’acte en lui-même est souvent empreinte de références religieuses ou militaires, et le sacrifice est dans ce cas invoqué comme un principe moral irrévocable. Le sacrifice des martyrs et des soldats fait d’eux des saints et des héros.

Le sacrifice appelle une répartition statistique issue de choix stratégiques : on détruit ou laisse détruire une partie d’un ensemble en vue d’un objectif global jugé plus important pour cet ensemble.

Il s’agit ici d’un travail visant à explorer, à travers le bijou, certains aspects de la notion de «Sacrifice» en révélant les influences qui interviennent dans notre interprétation.

Qu’est-ce qui tient du sacrifice acceptable ?

 

/  le sacrifice de soi

Qu’est-on prêt à sacrifier et pourquoi?

Je propose ici aux personnes possédant des bijoux qu’elles ne portent plus de les faire «renaître», de les rendre plus intéressants, neufs, contemporains. Mais pour cela, ils subissent une altération, une amputation, voir une destruction totale. Le principe est de venir modifier le bijou original en appliquant la définition du sacrifice qui justifie la perte partielle par un «intérêt supérieur». La personne choisit donc de «sacrifier» une partie de son bijou pour pouvoir le porter à nouveau. Au cours de ce processus elle signe un contrat stipulant qu’elle agit de plein gré et en toute connaissance de cause, et qu’ainsi elle se rend entièrement responsable de l’acte.

Bijou avant modification

Bijou avant modification

Bijou après modification

Bijou après modification

Reliquat

Reliquat

Qui décide de ce qui doit être sacrifié?
Jusqu’où peut aller le sacrifice?

 

/  Le Sacrifice de l’Autre

Dans ce travail est abordée la notion du «sacrifice de l’individu pour le bien du groupe». Il s’agit donc d’un point de vue quasi militaire.

Je propose un assemblage de «petits soldats» qui pour être transformé en bijou (collier, bracelet ou bague), doit subir un sacrifice par destruction d’une partie de l’ensemble. Le bijou est objet de convoitise. Il représente le «trésor de guerre». Le sacrifice cesse lorsque la personne qui manipule l’objet est satisfaite de ce qu’elle a obtenu.

Sacrifice de l'Autre_1 Sacrifice de l'Autre_2 Sacrifice de l'Autre_3Qui décide de ce qui doit être sacrifié?
Jusqu’où peut aller le sacrifice?

 

/  Mon Sacrifice

photo : Claire Artemyz

photo : Claire Artemyz

La scène du Calvaire du Christ est certainement la représentation esthétisée la plus reproduite et détournée de l’Histoire de l’Art. Les images issues du mouvement du Piétisme ont servi de références à de multiples créations postérieures, parfois jugées choquantes.Ferita

Le mouvement Body-Art pose la question du corps comme outil et support de travail dans la recherche de nouvelles formes d’expression artistique : ses limites, son intégrité, son politique, son sacré.

Au cours d’une action réalisée à la Weird Factory (Avignon), le Body Hacker Lukas Zpira a procédé au prélèvement d’un échantillon de ma peau. Située au niveau du flanc droit, cette blessure symbolise l’acte final du calvaire du Christ.

Mon Sacrifice - collier La chaîne est constituée de 30 anneaux d’argent représentant les 30 pièces d’argent reçues par Judas en récompense de sa trahison.

Mon Sacrifice - pendentifL’art corporel, empreint de références religieuses, amène une interrogation double concernant à la fois l’iconoclasme et l’interdit lié à l’usage du corps humain.

La frontière entre l’hommage et le blasphème s’affaiblit et devient le fait de la sensibilité de chacun.

C’est dans cet esprit que s’inscrit mon travail sur le crucifix. Cet objet dévoile un paradoxe : le calvaire est un épisode de violence. Porter la croix c’est cautionner le sacrifice d’un homme.

À qui appartient notre corps?

Vidéo de la performance «Le Sacrifice», réalisée en mars 2006 à la Weird Factory (Avignon).